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La Victorienne
Résumé – Un week-end de trois jours en France avec une petite centaine de cyclistes. La Suisse est représentée par les groupes de tandem neuchâtelois, genevois et lausannois. Le centre sportif près du lac Chalain offre aux participants un lieu d'hébergement, de restauration et de loisirs. Point de départ du rallye qui s'étend sur 150 kilomètres. Le beau temps est au rendez-vous, faisant rougir les aventureux qui osent se découvrir.
Une aventure sportive... une aventure humaine avant tout !
Dur dur de résumé un week-end comme celui-ci en quelques lignes
Départ du Vélodrome de Lausanne pour le GSHV - J’atterris au milieu d'une équipe de tandémistes animés par l'amitié et guidés par le rire. Ces personnages m'offrent de vivre un week-end mémorable.
Deux vieux bus quittent le vélodrome de Lausanne. L'un orange monté de cinq tandems. La fière allure ! Les routes sont sacrément tortueuses pour arriver jusqu'à Doucier.
Pas même les blagues de notre conducteur n'ébranle mon voisin de siège qui du haut de son bel âge a beaucoup de choses à partager.
Arrivée à Doucier - Petit endroit calme et paisible, jonché de plusieurs bâtisses. Un lac qui respire la fraîcheur apparaît au carreau de notre fenêtre. Colonie de vacances pour tout âge. Des tandems attendent leurs maîtres au devant des portes. Ils reflètent une diversité époustouflante ! Les couleurs dansent, les modèles se font la cour. Au reflet de leurs cyclistes !
Tout est nouveau pour moi, ou presque ! Deux petites heures de tandem en compagnie de Michel pour me familiariser avec la bête, et c'est parti pour la Victorienne. Mes premiers pas dans le monde du handicap visuel. Autant dire que ce fut quelque peu maladroit.
Pas le temps de pédaler aujourd'hui. C'est tout juste si on arrive à passer du temps avec tout le monde pour faire connaissance et rire un coup ! La chaleur n'est pas au rendez-vous. Lorsqu'on décide de braver la fraîcheur, il est déjà tard. Le lac est noir. C'est Vincent qui s'ose à marchoter à mon bras. Moi qui, chef d'orchestre, donne les notes trop tôt ou trop tard.
Le rallye - Il est temps d'enfourcher son destrier, à deux et de battre le goudron. Michel est là, prêt à me guider. Il m'offre sa confiance et beaucoup de patience.
Je lui fais vivre des sensations forte dès le départ du rallye. Au son de corde de Franck, le fameux « ON Y VA ! », la troupe s'élance ensemble pour affronter quelques huitante kilomètres. J'emmène notre équipage à la perte, pas assez ferme pour retenir notre roue qui s'enfile dans la glissière. Habituée au grandes roues à crampons, je donne un coup de guidon pour sortir du trou. Résultat : pas encore cinq secondes sur le vélo que les pieds touchent à terre.
Dans les montées, rien de plus exaltant que de perdre notre avance pour dépasser à nouveau dans la descente tous ceux qui ont cru naïvement gagner du temps. Déraillement et mauvaise anticipation, il faut bien nous trouver des excuses !
Inutile de dire que nos mollets étaient encore affamés de dénivelées rocambolesques. Guidé par l'inconscient, nous descendons vers Baume-les-Messieurs. Ennuyés d'être sans arrêt au devant du peloton, nous nous mettons au défi de remonter quelques kilomètres à pique et de rattraper en tête. Pauvre Michel qui n'a pas vraiment eu le choix...
Mon talent de narratrice n'a pas fait surface. Comment vous dire que Michel a dû se poser des questions, parfois. « Une maison de pierre STOP, un jardin en fleur STOP, des vaches STOP, un champ d'herbe haute STOP, ... » Bref ! Échec total !
Les duos - La journée est chargée en émotions. Le duo Alain et Jean-Claude nous font leur cinéma. Au milieu du décor typique des jolies maisons et de la campagne française, ils décident de nous jouer un tour. Ils posent leur vélo sur le sol et se couchent à côté simulant une chute. Ils ne font pas long avant qu'un sourire ne s'esquisse sur leurs lèvres. Bien eu !
Nous n'avons encore rien vu ! Pour satisfaire les caprices d'une demoiselle, ils s'amusent à débouler les escal
iers d'un jardin privé entre les pots de fleurs et les cisailles.
Au loin, on peut entendre l'Avion et Franck. Ils donnent la cadence. Tantôt le vieux couple qui se balance à la figure toute les vacheries possibles, tantôt l'orchestre qui chante à tue tête un répertoire de musique presque inconnue qui finira par être fredonné par bon nombre de l'équipe du Beaujolais.
Et puis, il y a aussi l’éternel binôme : Bernard et Pierre. Tout deux abonnés aux terrasses, ils gravissent les cols plus vite que leur ombre. Sans une goutte de sueur, ils nous apprennent ce qu'est l'expérience et la pratique. La carte à la main, Bernard se promène dans les rues des villages que l'on traverse, l'oeil s'arrêtant sur chaque détail de ces belles peintures.
Rey et Vincent aussi rallongent les parcours, insatisfaits de ces routes tellement plates. Ils inventent leur propres cartes, c'est tout juste s'ils arrivent à l'heure aux ravitaillements !
Daniel et Eddi, quels rires ! Tous deux roulant sous les mêmes couleurs. Daniel s'enflamme contre sa monture qui n'est pas à son goût. Elle est capricieuse !
Au point d'en oublier le handicap - Après le vélo, il ne s'agit pas de tout planté. Chez moi, l'automatisme n'est pas encore là.
Au bout, l'apéro ! Terrasses après terrasses, il en fallait une pour terminer la journée. Les yeux qui brille de toutes ces émotions, je rejoins gaiement une petite équipe qui part faire la fête. Hop ! Tous dans le fourgon à l'arrière, assis au sol, enfermé par la tôle. Le bruit résonne. Les fugitifs sont transportés vers LE bistrot ouvert de France. Mais où est Michel ? La question se pose un peu tard, je suis déjà en route dans un fourgon blindé et n'ai pas mon natel...
La porte d'entrée n'est pas assez grande pour tous, nous sommes dirigé vers le jardin qui donne à la terrasse. Faisant fuir les quelques couples qui passaient une soirée romantiques, notre bourdonnement les font s'envoler. L'eau coule à flot après quelques hésitations à commander une fondue ; le ventre plein, la sagesse nous capture.
Les au revoir - Presque trop intime, au micro, Bruno ose le robot. « à la jeun' » il nous remixe son discours. Il est temps de se serrer la pince...
Et pourtant, une fois délivré, ils en redemandent...
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